La neige et le froid reviennent pour certaines régions et c’est peut-être ce qui va dominer nos conversations du weekend de Pâques. L’équipe souhaite que vous êtes tous bien portants et que vos familles sont en sécurité. Au-delà des grands orientations de l’après-Covid19, il faut tout de même suivre l’actualité des produits agricoles pour essayer d’y voir plus clair et ramasser l’argent de votre production hebdomadaire.
Voici un topo des choses de la semaine :
- Ce que nous avions appréhendé se produit présentement aux Etats-Unis; certains abattoirs ferment temporairement leurs opérations. Dans certains cas, on parle de fermeture de 3 à 5 jours, mais toutes les usines prennent des mesures drastiques pour enrayer la propagation du virus parmi leurs travailleurs. Smithfield a répondu aux critiques aujourd’hui en annonçant des mesures plus sévères dans son usine de Sioux Falls. Plus de 80 travailleurs ont contracté la maladie. L’usine arrêtera ce samedi pour repartir seulement mardi prochain.
- Tout ce branle-bas de combat provoque un changement au niveau du prix au comptant et clairement on voit la baisse quotidienne être très importante. Le fameux prix cash baisse de $2 à $3 par jour depuis quelques jours. De plus, les producteurs veulent véritablement amener leurs porcs rapidement à l’abattoir puisque le poids vivant moyen des porcs abattus se situe tout juste au-dessus de la moyenne des poids des 5-dernièeres années et presque 1 livre sous les poids moyens de 2019.
- Les abattoirs ont aussi un problème ces temps-ci au niveau de la logistique et la demande des produits découpés. Après le rush de la demande d’il y a 2 semaines, les consommateurs ont refroidi leur ardeur au niveau des achats alors que le portefeuille se dégarnit rapidement et que l’aide des autorités fédérales tardent à arriver dans leur compte de banque. Les restaurants demeurent fermés, les écoles aussi et ceci fait en sorte que la demande demeure faible pour certains produits. Par exemple, le bacon vient d’atteindre 30 cents US/ livre! Les restos-déjeuner ne sont pas là pour supporter la demande habituelle. De plus, on lit qu’il est plus difficile d’offrir le produit dans de plus petites boites (portions) pour les consommateurs au supermarché. Habituellement, les ventes destinés aux gros consommateurs se font dans des formats plus gros. Par conséquent, le bacon s’accumule, le jambon aussi. En espérant que le printemps sera hâtif pour que le tout le monde ouvre leur barbecue et cuisine des ribs et autres produits carnés. Le prix de la découpe se situe à une creux des 17 dernières années présentement.
- La Chine profite de la fin de son confinement et des bas prix pour acheter de grandes quantités de porc aux Etats-Unis. Le USDA a rapporté que les exportateurs américains avaient vendus pour 55 900 tonnes métriques. La Chine a acheté 38 700 tonnes métriques soit 69% de toutes les ventes réalisées. Le problème réside dans le fait que les importateurs traditionnels (Japon, Mexique et Corée du Sud) réduisent les importations. Il faut rappeler que ces pays ont aussi été touchés par la Covid-19. De plus, le Mexique a un problème de taille avec ses revenus pétroliers diminuant, il est possible que la crise des finances publiques soient difficiles à gérer éventuellement.
- La Chine voudra certainement accélérer ses achats aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde. Les bas prix devraient inciter tout le monde à stocker. De plus, la Chine doit encore négocier avec de nouveaux foyers de fièvre porcine africaine sur son territoire. Ce problème n’est toujours pas régler (2 nouveaux cas cette semaine).
- La fièvre porcine africaine continue de se propager en Europe et menace l’Australie. Les autorités polonaises viennent d’ordonner l’abattages de 10 000 porcs. C’est le deuxième cas majeur pour ce pays. Il rappelle que ces fermes se situent près de la frontière allemande et ce pays est le plus gros exportateur européen vers la Chine tout juste devant l’Espagne. L’Australie surveille ses frontières alors que des cas de fièvre porcine africaine ont été enregistrés en Papouasie Nouvelle -Guinée. La maladie se rapproche donc.
- Un autre point intéressant sera de voir comment le Brésil réagira à la propagation de la Covid-19 sur son territoire et comment les abattoirs travailleront avec leurs travailleurs. Pour l’instant le mot d’ordre des autorités gouvernementales ; le pays est en guerre contre un virus et le fait de perdre des milliers de personnes au combat est tout à fait normal! Bolsonaro n’a pas le même respect pour la vie que nous visiblement.
Donc encore une fois une situation complexe, mais par contre, après des mois difficiles (marges négatives depuis 6 mois), les producteurs américains pourraient en avoir assez et finalement réduire leur production prévue pour les prochains mois. Encore une fois le nombre de truies destinées à l’abattage continue d’être presque 8% de plus que l’an dernier. Mais qu’en est-il des nouvelles cochettes disponibles? De plus, avec la récession économique à venir, le crédit sera plus difficile et les spécialistes anticipent de grandes faillites. L’industrie agricole est solide, mais n’est pas immunisée contre une crise de liquidité. Il est possible que des projets d’expansion soient mis sur pause indéfiniment.
Je sais, on ne fait que repousser l’espoir à une date ultérieure…..
FRÉDÉRIC HAMEL, CFA
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