C’est une semaine plutôt difficile qui se termine pour le maïs et le complexe soya sur les marchés à terme. Le bilan mensuel d’offre et de demande publié hier par l’USDA est venu en remettre une mince couche avec des stocks américains très légèrement en hausse. On ajoute à cela des inventaires mondiaux en hausse par rapport au niveau de l’an dernier et la recette est gagnante pour voir du rouge sur les écrans.
MAÏS
Au cours de la dernière semaine le recul de la valeur du contrat de mars est tout près de 4% et c’est un recul annuel de 29%. Les stocks mondiaux et américain sont actuellement plus que confortable à 322 millions de tonnes. Le seul changement que l’USDA a apporté à son bilan maïs est dans la transformation avec une baisse de 10 millions de boisseaux dans ce secteur qui s’est retrouvé dans les stocks de fin à 2.172 milliards de boisseaux.
Quand on parle de compétition sur la scène internationale et bien voilà quelques chiffres important des principaux exportateurs. Comme vous pouvez le voir le prix du maïs américain est maintenant sous ceux du Brésil et de l’Argentine à 198 $US/TM. En regardant un peu plus bas on voit le retour de l’Ukraine qui affiche un prix de 173 $US/TM toutefois avec les risques et les coût supplémentaires que ça comporte.
Est-ce que tout ça aura un effet sur le prix du maïs local ? À mon humble avis malheureusement ou heureusement, tout dépendant dans quelle chaise vous vous retrouvez, la réponse est oui. Normalement, le prix du maïs au Québec se situe entre les valeurs d’exportations (prix plus bas) et les valeurs d’importations (prix plus haut). Comme le prix du maïs américain est l’un des plus bas sur la planète présentement il vient jouer sur les 2 tableaux. Les exportateurs québécois doivent rivaliser avec ce prix et de l’autre côté fait pression sur les valeurs de remplacement. Selon le site des Producteurs de Grains du Québec, le prix du maïs local à la ferme termine la semaine à 225 $/T
On pourrait ajouter à cela trois autres éléments négatifs pour les prix du maïs au Québec. Le premier, nos voisins ontariens ont et auront des surplus de maïs à écouler d’ici la prochaine récolte. Depuis l’automne dernier, un volume important de maïs ontarien a traversé la frontière, on parle ici assurément de quelques centaines de milliers tonnes. Ce sont des volumes qui normalement sont consommés en maïs québécois et qui devra trouver preneur plus tard dans la saison.
Le deuxième, les volumes d’exportations ne sont pas au niveau de l’an dernier ce qui pourrait également créer un volume supplémentaire à écouler sur le marché local. Donc, il faudra écouler dans les prochains mois l’équivalent du volume de maïs importé et consommé de l’Ontario, la baisse probable des exportations en plus des volumes normaux.
Dernier élément et toujours difficile à quantifier pour le moment, l’impact réel de la baisse de la production porcine. En 2023, les réductions ont été amorcées mais c’est vraisemblablement en 2024 et 2025 que les effets réels se feront sentir. En résumé, si on compare les stocks du Québec à pareille date l’an dernier, il sont certainement plus élevés avec une demande qui pourrait demeurer sous les niveaux de l’an dernier. Reste à vous d’en tirer vos propres conclusions.
SOYA
Comme vous pouvez le constater, le momentum n’était pas plus positif dans le complexe soya que celui du maïs. Pour le tourteau de soya, la baisse hebdomadaire est de plus de 4% et de 10% sur un an. Il faut remonter en novembre 2021 pour retrouver de telles niveaux de prix.
Des stocks mondiaux de soya en hausse cette année, l’Argentine qui devrait retrouver sa vitesse de croisière dans les exportations de tourteau de soya et finalement une économie mondiale qui pourrait tourner au ralenti en 2024 et vous avez là certainement une bonne partie de l’explication de cette baisse de prix. On pourrait même ajouter à cela les perspectives de semis de soya qui risquent d’être à la hausse en considérant la chute rapide du prix du maïs. Le ratio prix maïs/soya oscille actuellement autour de 2.50 ce qui reste normalement en faveur du soya.
En terminant, jetons un coup rapidement sur les données du dernier bilan d’offre et de demande publié hier. En ce qui concerne le bilan américain, le seul élément qui a été légèrement revue ce sont les exportations en baisse de 35 millions de boisseaux pour afficher 1.72 milliards de boisseaux en baisse de près de 14% sur un an.
Du côté de l’Amérique du Sud, le marché s’attendait à une révision à la baisse plus importante de la production brésilienne alors que cette dernière est maintenant estimée à 156 millions de tonnes. Ce serait tout de même la deuxième plus importante récolte de soya de son histoire. Pour l’Argentine, la prévision demeure inchangée à 50 millions de tonnes comparativement à 25 millions de tonnes l’an dernier. En combinant la production de ses 2 pays ce serait une hausse de 20 millions de tonnes sur un an.
Comme le passé récent nous l’a si bien appris, un événement inattendu pourrait venir bouleverser tous ces chiffres et complètement changer la donne. Par contre, pour le moment les perspectives de prix ne sont pas extraordinaires ou du moins au niveaux des dernières années.
Eric Fournier
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