Aujourd’hui le 9 octobre,
- Éthanol : le vaccin et le virus.
- Rapport USDA demain midi (important)
Pour mieux comprendre ce qui se passe avec l’éthanol aux States…
Plus ça l’avance, plus je trouve que la politique est sale, c’est mon opinion personnel. Les promesses électorales, dire une chose mais faire le contraire, passer des politiques qui semblent anodine mais au fond quelqu’un s’en met plein les poches. Les chums du parti, les conseillers spéciaux, les passe-droits. Ça m’étourdi. Surtout aujourd’hui à l’ère des « fake news » apparemment on peut faire un peu n’importe quoi et dire que c’est pas vrai. M’enfin, peut-être que je deviens cynique.
En ce moment je regarde tout ce qui se passe au niveau de l’éthanol au États-Unis et ça m’interpelle. Je ne vais pas m’improviser expert des politiques énergétique et environnementales aux États-Unis, mais certains points font sonner mon radar de conflit d’intérêt.
À la base l’éthanol c’est essentiellement une volonté politique. Pas en totalité, mais en bonne partie. Les élus ont décidé d’instaurer un mandat qui permet et oblige les raffineries à utiliser un pourcentage d’éthanol dans la gazoline. Différentes motivations compréhensibles; indépendance énergétique et aussi pour stimuler l’économie rurale américaine. C’est une situation win-win, ou les USA sont moins dépendant du Moyen-Orient et les fermiers ont accès à un plus gros marché et donc un meilleur prix pour leur récolte. Bingo.
Où est-ce que j’accroche en ce moment c’est dans les dérogations accordées du mandat. Par où commencer…? Faire du cash, oui, pas de problèmes avec ca – c’est bien normal et souhaitable et c’est pas parce que tu en fais que tu es une mauvaise personne. On fait ça souvent au Québec; démoniser le succès financier des autres. Je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça – ça doit être culturel. M’enfin. Une entreprise qui offre un produit ou un service en demande et que ça décolle bien, je dis oui! Il faut être fier de nos Métro, Couche-Tard, Cascade, Cirque du Soleil pis nos bidules à une piasse au Dollarama. Je vois ça comme de l’ajout de valeur. Un manufacturier achète une tonne d’acier, le transforme (ajout de valeur) et revend son savoir-faire sous forme de boulon de qualité. Le principe est simple. J’aime ça.
Quand la politique s’en mêle….
Comme dans l’éthanol, disons. Parce qu’en ce moment, même si l’industrie est considérée comme mature, le « mandat » est une volonté politique et donc ce n’est pas exactement le principe du libre-marché. Et la politique, c’est les jeux de pouvoir, d’influence, de lobby et de coulisse. En ce moment sa parle beaucoup du mandat aux États-Unis. Mais pourquoi?
Premièrement, on en parle parce que presque à tous les semaines une usine de transformation met la clé dans la porte. Plus d’info et exemple : http://ethanolproducer.com/articles/16547/siouxland-energy-temporarily-idles-production Des fois c’est temporaire, mais d’autre fois c’est plus permanent et l’usine ne revient tout simplement pas en opération. C’est des dizaines, centaines, milliers d’emplois qui sont affectés dans les régions rurale du Midwest. Mais pourquoi ça va aussi mal – pourtant en zieutant le twitter du Président on dirait que l’économie américaine est la meilleure, les chômage à des bas historiques, la grosse machine américaine roule à fond… Mais pas pour tout le monde on dirait. Alors, c’est ou que ça bug? La politique.
Pour que le mandat (aussi appelé Renewable Fuel Standard « RFS », un programme fédéral) soit appliqué et respecté, le gouvernement américain a mis en charge l’EPA (United States Environmental Protection Agency, https://www.epa.gov/) de s’occuper du dossier. En gros, l’EPA gère le mandat d’éthanol RFS. Le mécanisme est complexe, mais si je simplifie… Pour implémenter/superviser le mandat RFS, l’agence EPA va surveille la production d’éthanol et va accorder un crédit à chaque gallon produit qu’il va remettre à l’usine de transormation. Ce crédit là on l’appelle RIN, Renewable Identification Number, et il une valeur qui varie dans le temps. Ça vaut quelque chose un RIN. Son prix est fonction de l’offre et demande de gazoline, donc implicitement de l’éthanol et de la politique.
Pour respecter le mandat, une raffinerie soit qu’elle achète de l’éthanol ou un RIN afin de se conformer. Oui je simplifie. Le RIN devient donc un marché secondaire. Si le RIN est « trop cher » alors le blender achète de l’éthanol. Bref, c’est le mécanisme qui fait en sorte que le mandat est respecté et que ‘tout fonctionne’.
Jusqu’à temps que…. Ha. La politique. Conflit d’intérêt ou apparence de conflit d’intérêt c’est la même affaire et je vous laisse juger. M’enfin.
Disons que le lobby du Big Oil & Gas veulent augmenter leur marges de profit, ils pourraient faire pression sur l’EPA afin de leur octroyer des dérogations pour moins payer cher le RIN ou l’éthanol ou demander des dérogations X Y Z pour économiser des millions. Oui, c’est pas des piasses, c’est des millions. À mon avis, c’est ça qui choque aux États-Unis en ce moment. Après son élection en 2016, le président s’est entouré de son ami milliardaire Carl Icahn (wiki) comme conseillé spécial. Je comprends, moi aussi si je pars dans une aventure politique ou commerciale, je vais m’entourer de mon monde, de mes amis, de mes partenaires d’affaire à qui j’ai confiance. C’est ben normal. Le conflit d’intérêt c’est que Mr Icahn agit comme conseiller spécial et pilote des projet de concert avec l’EPA alors que Mr Icahn détient des millions de dollar d’investissement dans le secteur. À ce moment-là c’est Scott Pruitt qui dirige l’EPA (https://en.wikipedia.org/wiki/Scott_Pruitt) et plusieurs rencontres ont eu lieu entre Mr Pruitt et Mr Icahn. On ne saura jamais l’exactitude des discussions, mais l’apparence de conflit d’intérêt est assez évidente que Mr Icahn quitte éventuellement ses fonctions de conseillé de Trump un peu plus tard en 2017.
Cours des RIN D6 (Éthanol) : https://www.epa.gov/fuels-registration-reporting-and-compliance-help/rin-trades-and-price-information
La gronde….
La frustration est évidente pour plusieurs usines d’éthanol aux États-Unis. Si le mandat est politiquement altérée à cause que l’EPA accorde des dérogations (https://www.epa.gov/newsreleases/epa-announces-biofuel-and-small-refinery-exemption-priorities) et permet à différents blender de se souscrire en quelque sorte aux règles, le résultat de ces dérogations fait en sorte de pénaliser un segment de marché. Les dérogations ne sont peut-être pas à elle seules responsable, mais elles sont au banc des accusé disons.
Plusieurs considère cela comme un jeu à somme nulle dans le sens ou pour ‘donner’ quelque chose à quelqu’un, il faut ‘l’enlever’ à un autre. Les usines d’éthanol souffrent dans le sens ou les dérogations (en partie) fait en sorte de moins consommer d’éthanol et le RIN vaut une fraction de ce qu’il valait. Le RIN a perdu 80% de sa valeur. Si au moins le RIN valait cher, les usines pourrait l’utiliser comme valeur/revenu! Pour une usine d’éthanol, soit qu’ils vendent de l’éthanol ou le RIN qu’il possèdent. Le RIN devient donc un élément d’actif en quelque sorte. Encore là, je simplifie.
La production d’éthanol stagne depuis deux ans. La demande pour le maïs est donc plus faible et plafonne, les inventaires de maïs sont plus élevés et l’abondance « perpétuelle » maintient les prix des grains à un niveau plus faible. Ça, plus le conflit commercial. Ça fait beaucoup.
C’est ça qui choque et indigne le Midwest. C’est qu’ils sentent que politiquement ils se sont fait jouer un tour et que c’est d’autres intérêts qui ont été priorisés. Ça me fait penser à une compagnie pharmaceutique qui répand un virus, pour qu’après elle te propose son vaccin. Si à la base les dérogations n’avaient pas eu lieu, et que le mandat serait plus étroitement supervisé, beaucoup pense que le secteur serait en meilleure santé financièrement. Le « giant package » annoncé par le président arrive comme un vaccin à un virus que son administration a en quelque sort créé lui-même avec les dérogations. C’est leur point de vue en tout cas, et c’est assez facile de ressentir leur frustration dans les journaux, lettre ouverte à Trump ou surtout les réseaux sociaux. Un exemple du National Corn Grower Association (https://www.ncga.com/home) la semaine passée je pense…
Je suis plus à expliquer des choses, à essayer de mieux comprendre pourquoi la gronde et/ou d’où vient la frustration. La théorie du complot je trippe moins. J’essaie juste de comprendre, et partager mes observations.
Plus faible production d’éthanol depuis 2015 :
Inventaires record :
L’insulte à l’injure?
Le président américain ne cesse de promettre un Giant Package aux fermiers et usines d’éthanol. Jusqu’à maintenant peu de détail n’est disponible. https://www.usda.gov/media/press-releases/2019/10/04/president-trump-delivers-key-promise-american-farmers-epa-usda mais selon plusieurs, les pertes de productions des derniers mois/années ne seront pas nécessairement récupérés. Les gallons « perdus » des dernières années ne reviendront pas, mais à l’avenir des politiques seraient mise en place pour stimuler le secteur et favoriser la consommation. C’est positif, à suivre… mais on n’a pas vraiment de détail précis sur comment ça sera fait et surtout comment ça sera vérifié.
SIMON BRIÈRE
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