Aujourd’hui le 16 janvier 2020
Un gros deal ou des grosses conditions?
Signature du deal Phase 1 avec la Chine – Yayyyyy! La Chine va acheter pour 35 à 45 milliard de denrées agricoles sur les deux prochaines année. C’EST UN RECORD!
Le marché en 2 jours : -20 cents dans les fèves, et -13 cents dans le corn. Ben voyons? Comment ça?
Les clauses. Chapitre 6, article 6.2 = c’est là que ça va casser. J’ai trouvé une copie du document de 94 pages (à lire ici : http://prod-upp-image-read.ft.com/d08f2b80-37b2-11ea-a6d3-9a26f8c3cba4)
En fait l’entente est tellement bourrée de clauses que cela renforcie le cynisme du marché quant à un réel accord. En fait, il y a plus de porte de sortie pour éviter l’entente qu’il n’y a de précision sur les quantités de ressources agricoles qui seront réellement achetée. Moi-même en lisant le détail/sommaire de l’accord je me suis dit que c’était un coup de théâtre et de la poudre aux yeux pour faire des belles conférence de presse et bâtir un capital politique en vue des élections. J’ai comparé le deal avec le marché de l’immobilier par exemple – moi aussi je peux aller magasiner dans les cartier de maisons riche et faire une offre d’achat.
Moi : Bonjour oui c’est une très belle maison ca je vous offre 10 millions de dollar pour votre belle cabane de Westmount. Évidemment, c’est conditionnel au financement et inspection!
2 jours plus tard et toujours dans mon petit 4 et demi: Ouin bin les gouttières sont à changer et la fournaise aussi, alors je vous offre 250 milles finalement, mais tsé je comprendrais que vous n’acceptiez pas.
Trump va être content, il va pouvoir dire qu’il a signé le meilleur deal de tous les deals de la Terre. Ca va détourner l’attention du impeachment. Et ça, ça n’a pas pris de temps – me semble ça ferait une belle annonce de carte de crédit.
Il y a trois conditions majeures qui fragilise le deal incroyablement. Ces conditions simultanées font en sorte que c’est comme impossible que l’entente soit respectée.
1 Acheter autant. En fait le deal dit 200 milliard de tous, et cela inclus l’énergie (le pétrole des chums de la maison blanche) et le manufacturier, et l’agricole, etc… TOUT. En fouillant on retrouve les quantités suggérées pour l’agricole et c’est là qu’on arrive à 40 milliard (35 la première année et 45 la deuxième). Mais 40 milliard c’est énorme et du jamais vu – le plus a été 29, et j’inclus Taiwan. Donc déjà ça sonne comme une grosse histoire de pêche de la brasserie du coin.
2 Acheter autant + selon les conditions de marchés et des besoins. Haha c’est là que ça se corse. Au fond, cette clause là c’est l’équivalent de dire que la Chine vont en acheter……. S’ils en ont besoin et s’ils sont capable! Belle twist, han? Les chinois pourraient, selon l’entente, dire qu’ils n’ont pas besoin de XX millions de tonnes de soja, ou de porc et ne pas acheter les milliard de dollar de denrées tout en « respectant » le deal. Le deal d’en acheter est conditionnel à si les chinois en ont besoin et que le prix font leur affaire.
3 Acheter autant + selon les conditions de marchés et des besoins + sans débalancer les achats déjà conclu avec d’autres fournisseur. Ok fak là prenons tout ce qu’on vient de dire, et ajoutons qu’il ne faut pas que les achats ne modifient pas trop les ententes déjà en place – c’est-à-dire tout le soja qui est déjà acheté au Brésil. À mon avis pour plus acheter aux USA il faut couper à quelque part…..
Si je me rappelle mes cours de philo au Cégep qui ne date pas d’hier, ça me fait penser à un sophisme…. Tout ce qui est rare est cher, or un cheval bon marché est rare, donc un cheval bon marché est cher. C’est fallacieux! (quelle belle utilisation du mot ‘fallacieux’ – je ne l’utilise pas souvent. +10 points pour Gryffondor)
Une autre affaire qui m’agace – et c’EST MAJEUR
IL N’Y A PAS DE PRÉCISION SUR LES QUANTITÉS SPÉCIFIQUES PAR DENRÉE. Nulle part il y a une quantité suggérée du genre « nous achèterons pour XX millions de tonnes de soja ».
Pourquoi c’est important?
C’est important parce que même si on doute du bien-vouloir réel de l’accord compte tenu des clauses, l’USDA dans sa méthodologie aurait été comme obligée d’insérer dans ses prochains bilan l’impact d’une telle politique sur la demande. Au moins en partie, peut-être même en totalité. Et je suis sûr que cela va faire jaser d’ici le rapport de février. Elle l’a fait en 2006-2007 quand le mandat d’éthanol a été voté et qu’ils ont augmenté la consommation fortement en anticipation – et pourtant il commandait réellement en 2008. Mais c’était logique, c’était de l’éthanol de maïs, donc l’USDA pouvait ajuster le bilan du maïs. L’USDA avait assez de viande autour de l’os pour se prononcer – c’est-à-dire une marché (le corn) et une quantité (mandat d’éthanol).
Mais là dans le deal avec la Chine le 40 milliard n’est pas réparti. Alors tu fais quoi? Tu guess? – c’est pas très rigoureux comme approche….. Et la méthodologie de l’USDA pourra pas « guesser ». Si le deal disait « c’est tant de ça, pis tant de ça, pis tant de ça » alors l’USDA aurait été poussée à comptabiliser l’impact d’une telle politique. Aussi, étant donné que cela dépend d’une tierce partie (la Chine) ça devient encore plus difficile pour l’USDA de mettre la charrue devant les bœuf et d’augmenter la consommation avant de voir un réel augmentation de l’export.
J’ai l’impression qu’à cause qu’il est impossible de rattacher les milliard à un marché spécifique (mais, soja, porc, etc…) et que cela dépend d’un autre pays et donc pas de contrôle comme le mandat d’éthanol, l’USDA utilisera le rythme réel des exportation et non celle implicite par rapport à l’entente. ET c’est énorme comme nuance.
Au final, essayer de tenter d’intégrer l’impact sur la demande de ce « deal » est aussi glissant que le petit cochon graissé de Ste-Perpétue. M’enfin, on verra bien si la Chine se met à acheter dans les prochaines semaines, mais sinon c’est un gout très amer dans la bouche du marché (ET DES PRODUCTEURS AGRICOLE DU MIDWEST).
Bonne soirée!
SIMON BRIÈRE
Stratège de Marché / Market Strategist
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