Ce midi l’USDA a publié ses premières estimations pour la saison de cultures 2023. En ce qui concerne l’offre ce sont essentiellement les valeurs présentés dans les intentions d’ensemencements et les rendements sur une base historique.
Évidemment, avec des superficies et des rendements en hausses on se retrouve avec une récolte à 15.3 milliards de boisseaux soit 11% de plus que l’an dernier. Comme mentionné prenons ces valeurs avec un grains de sel pour le moment.
Attardons-nous plutôt du côté de la demande. Pour le moment l’USDA demeure assez optimiste avec une utilisation en forte hausse dans l’alimentation animale et les exportations. Dans le premier cas, cette valeur soulève quelques questions compte tenu de la baisse importante de production de bœuf et le porc qui pourrait suivre la même tendance. De possibles révisions à venir dans les prochains mois à ce chapitre. Pour le second, l’USDA prévoit une hausse de plus de 18% des exportations avec 2.1 milliards de boisseaux. Néanmoins, les stocks de fin sont prévus actuellement à plus de 2.2 milliards de boisseaux.
Avec des stocks beaucoup plus confortables, la pression se fera sentir sur les prix alors que la prévision de prix moyen payé à la ferme serait de 4.80 $US/bu. Il faut revenir avant la COVID pour observer des prix aussi bas.
Plus au sud, on révise à la hausse la production de maïs de cette année du Brésil qui passe de 125 à 130 millions de tonnes. Ceci permet d’asseoir la position d’exportateur mondial numéro 1 de maïs devant les américains et le scénario se répéterait l’an prochain.
Dans le soya, avec un rendement de 52 bu/acre la production serait en hausse sur un an de 5.5% en 2023. Tout comme pour le maïs, l’utilisation domestique serait en hausse avec 2.31 milliards de boisseaux. Toutefois, on reste plutôt pessimiste pour les exportations qui afficheraient une baisse de 2%. Il faut mentionner que la compétition sera forte avec le Brésil si la production de 163 millions de tonnes devait se réaliser. À titre de comparaison il est prévue cette année une récolte record de 155 millions de tonnes. Ce dernier exporterait 96.5 millions de tonnes contre 53.75 du côté américain. Le prix payé à la ferme du côté américain serait de 12.10 $US/bu contre 14.20 $US/bu cette année.
Pour le blé américain, les valeurs prévues en 2023 sont assez semblables à celles de cette année à quelques décimales près. Les stocks de fin se rétracteraient de 7% à 556 millions de boisseaux contre 598 pour l’ancienne récolte. Le prix moyen offert à la ferme afficherait 8.00 $US/bu en baisse de 10% sur un an.
Sur la scène internationale c’est à peu près le même constat alors que les stocks mondiaux termineraient la prochaine campagne en légère baisse à un peu plus de 264 millions de tonnes. Le Canada, l’Union Européenne, la Chine et l’Inde aurait des récoltes plus abondantes en 2023 qu’en 2022 alors que l’Australie, la Russie et l’Ukraine auraient des récoltes plus maigres.
La valse des chiffres de la récolte 2023 est lancée alors que nous sommes encore loin de la fin de la campagne 2023-24. Dame Nature aura son mot à dire dans les prochains mois pour confirmer ou infirmer ces premières prévisions. La houle sur le marché internationale pourrait également avoir son mot à dire sans compter les imprévues auxquelles on nous a habitué depuis quelques années. Vous aurez donc compris que ce sont là des estimations très sommaires et qu’il pourrait y avoir beaucoup de changements positifs ou négatifs pour les prix. Avant d’entrés dans l’eau on commence par se tremper la grosse orteil pour tester la température de l’eau, c’est que l’USDA vient de réaliser.
Eric Fournier
Directeur département des grains et commodités
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