Les inventaires de porcs au 1er juin chez nos voisins au sud de la frontière étaient plus important que la plupart des analystes s’y attendaient. La moyenne des estimation du marché misait sur une hausse de 3.7% alors que le cheptel américain était en hausse de 5.2%. Les porcs commerciaux étaient en hausse de leur côté de plus de 6% sur un an. Le retard accumulé dans les abattages en raison de la COVID-19 explique en grande partie cette augmentation de stocks.
Toutefois, les porcs plus lourds (180 lbs et plus) étaient moins nombreux que les anticipations avec une hausse de 12.8% alors que l »on s’attendait à une hausse de 16.6%. C’est la catégorie de poids suivante (120 à 179 lbs) qui est vraiment au-dessus des anticipations avec une augmentation de 11.8% alors que les attentes étaient de 5%. Pour les catégories de poids plus léger, c’est une hausse de 3.4% pour les porcs de 50 à 119 lbs et une baisse de 0.2% seulement pour les porcs de moins de 50 lbs.
Concrètement, comment doit-on interpréter ces chiffres d’inventaires ? Avec la capacité d’abattage presque rétablie entièrement, il faut donc s’attendre à voir des chiffres hebdomadaires de production largement au-dessus des niveaux de l’an dernier pour une bonne partie de l’été. Il n’est donc pas surprenant de voir la production bondir de plus de 8% comme se fut le cas la semaine dernière. Des chiffres qui risquent de devenir la norme des prochaines semaines. Pour l’automne, la croissance devrait être plus modérée avec une augmentation moyenne autour de 1.5%.
Maintenant que nous avons fait le tour de ce que nous connaissons, qu’en est-il pour la production à venir pour la toute fin de cette année et l’an prochain ? Premièrement, regardons du côté du nombre de truies en inventaire. Le nombre de truies aurait reculé de 1.3% contre l’inventaire de juin 2019. Par contre, le marché s’attendait à un recul légèrement supérieur de l’ordre de 2%. En faisant abstraction du gains de productivité ça signifierait une baisse du nombre de mise-bas à venir. Toutefois, le recul prévu des intentions de mises-bas est beaucoup plus important avec des baisses prévues oscillants aux environs de 5% pour la période de juin à novembre. Tout comme pour les rapports précédents, ces deux valeurs entrent en contradiction avec une variation dans les intentions de mises-bas plus important que celui sur les inventaires. À titre d’exemple, dans le précédent rapport l’USDA estimait une baisse des intentions de mises-bas pour la période mars à mai qui vient finalement d’être révisée à la hausse. Le nombre de truies en inventaire pourraient être beaucoup plus représentatif de la réalité, c’est du moins ce que l’histoire récente nous apprend.
Bien que le nombre de truies soit en baisse, la productivité du troupeau reproducteur américain demeure en hausse et atteint un record avec 11.01 porcelets sevrés par truie sur la période de décembre à mai. Ça représente un gain de 1.5%, un peu moins que dans les précédents rapports qui présentaient des gains de plus de 3% à ce chapitre. Avec une baisse de 1.3% du nombre de truies et des gains de productivité de 1.5% ou plus, la croissance pourrait finalement demeurer au menu dans les mois à venir.
Un rapport somme toute plutôt négatif pour le marché à court terme avec des augmentations de production importante dans les prochaines semaines. Pour le long terme, tout dépendra du déclin du nombre de truies dans les prochains mois. En regardant les intentions de mises-bas de l’automne ça voudrait dire que le déclin pourrait s’accélérer mais ça reste à vérifier car dans les faits ce rapport à plutôt tendance à surestimer le déclin. Le facteur le plus important pour la direction des prix demeure l’état de la demande. Si cette dernière se redresse localement avec le déconfinement et que les exportations demeurent robustes comme en début d’année, on pourrait alors espérer un regain des prix à mesure que la croissance de la production déclinera. On se donne maintenant rendez-vous en septembre lors de la prochaine publication de ce rapport qui devrait nous éclairer sur la vitesse réelle du déclin du troupeau reproducteur.