Bonjour à tous et à toutes,
Petite semaine (en raison du congé de La Fête du travail), mais grosse semaine au niveau de la volatilité.
Hier, le président de la Russie a annoncé qu’il était insatisfait face à l’entente qu’il a signée il y a 2 mois qui permet à l’Ukraine d’exporter ses grains vers l’étranger. Pour se vêtir d’un manteau de vertu, il dit que les exportations de grains ne vont pas vers les pays pauvres, mais vers les pays riches comme les pays européens. Au final, le prix des grains a considérablement baissé au cours de cette période pour permettre aux consommateurs de payer moins cher pour ces denrées alimentaires. Ce que Poutine oublie de mentionner c’est le fait que la Russie a probablement récolté la plus grosse récolte de blé de son histoire et il lui est difficile d’exporter sur les marchés qui sont bloqués (en raison des sanctions) et les prix intérieurs s’en ressentent… Donc il lance un genre d’ultimatum qui rehausse soudainement le prix du blé à Chicago!
Le prix du porc ne subit pas le même genre de pression politique, mais les couts d’alimentation sont extrêmement importants quand vient le temps de définir notre gestion des risques. On doit absolument tenir compte de cet aspect dans notre mise en marché. Pour l’instant, la pression des récoltes devrait faire son œuvre sur le prix de nouvelle récolte. Le prix des bases diminuent, mais le problème, pour un consommateur de grain, c’est la hausse constante du prix de la Bourse (dans le mais entre autre qui approche les $7.00/ boisseau). Les deals sur le mais ne seront pas aussi importants encore une fois cette année.
Pour le prix du porc, on navigue un peu à vue ces temps-ci. La baisse des contrats à terme s’est effectuée récemment et on vivote près des creux récents (octobre @ 90 cents / livre et décembre autour de $83 cents / livre). Il n’y a ni momentum haussier ni baissier. Bref, on attend de voir comment le prix de la découpe se comportera ce qui aura inévitablement une incidence sur le prix au comptant.
La baisse ultra-rapide du prix au comptant est phénoménale. Une perte de $22 cents en 3 semaines, ou une moyenne de 1.50 cents / livre par jour! Ce n’est pas banal du tout comme comportement. Je disais qu’il est difficile d’évaluer la direction prochaine des prix puisque nous n’avons pas de données d’exportations depuis 3 semaines. Or, on sait que ces données sont importantes puisque les Américains vendent près de 25% de la production porcine à des acheteurs étrangers. Le USDA n’a toujours pas réglé ses problèmes de gestion des données. Les prochaines informations devraient être publiées le 15 septembre, donc jeudi prochain. Il faut s’attendre à des surprises de taille selon moi (autant dans les grains que dans le porc). Si j’étais un acheteur, je prendrais l’opportunité d’acheter en douce tout ce que je peux…dans une certaine anonymité.
Le problème des producteurs américains ces temps-ci est leur taux de change qui est à des niveaux jamais vu en 20 ans. Le dollar Index est à un sommet récemment et ceci devrait nuire aux exportations de viandes provenant des États-Unis, mais devrait avantager tous les autres. Si jamais les Américains revendiquent de bonnes ventes de viande, cela voudrait signifier que la demande est plus forte que prévue. Ce qui serait positif pour les prix en général.
Graphique du Dollar Index (graphique 23 ans)
Qu’avons-nous dans le calendrier des prochaines semaines qui pourraient changer la dynamique des prix du porc? Les vagues de chaleur partout dans le monde….ca semble un peu étrange, mais il sera important de suivre cette tendance au cours des prochaines semaines. L’effet sur les gains de poids, ,les pertes d’animaux mais sur la consommation aussi… La production européenne pourrait connaitre des coupures d’électricité cet hiver. Si je suis un producteur agricole que devrais-je faire? Les usines d’acier, d’aluminium coupent leur production, se pourrait-il que la production européenne dans le porc ou d’autre produits puissent diminuer?
Les confinements successifs en Chine auront-ils un impact majeur sur la consommation de porc? Les festivités de la Semaine d’or en Chine qui débute le 1 octobre seront-elles affectées par la Covid? C’est une semaine importante pour eux et l’abondance est primordiale pour bien célébrer.
Sinon, plus près de nous, nous aurons bientôt, le rapport Hog & Pig qui sera publié le 29 septembre. Comment les producteurs américains ont-ils réagi aux prix de l’été? Expansion ou encore le statu quo qui perdure depuis des mois?
La seule nouvelle récemment est la baisse des prix de l’essence et la diminution lente de la valeur de certaines commodités aux États-Unis. Le consommateur obtient un répit, mais le coût de certains services sont soudainement plus chers et les coûts d’emprunt aussi. Bref l’inflation n’a pas terminé de jouer dans notre portefeuille. Et que dire de la récession qui vient… tous ces éléments pourront-ils venir à bout des prix des viandes? Les prix du bœuf viennent d’atteindre presque des sommets en 2022 et les prix de ce produit pour les échéances de 2023 flirtent avec les sommets historiques… Alors peut-on voir le prix du porc s’enfoncer ou se maintenir quand on regarde le prix des autres viandes? Que dire de la résurgence de la grippe aviaire qui revient en force depuis août. Aux États-Unis, après les événements du printemps on pensait en avoir terminé avec cette maladie, mais non, la Californie sonne l’alarme et voilà que la maladie revient dans le Midwest. L’année 2015 était l’année de tous les records en terme de pertes d’animaux (volailles)…. Il est bien possible que 2022 soit maintenant la nouvelle référence.
Prix du bœuf (en cents / livre)
Cas de grippe aviaire aux États-Unis
Prix des poitrines de dinde (USA)
Bref, bien malin est celui qui peut prédire les variations quotidiennes, mais la tendance moyen et long terme demeure positive malgré les vents contraires vécus depuis plus d’un mois.
FRÉDÉRIC HAMEL, CFA
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